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L’AUTISTE : UN OBSERVATEUR TRÈS PRÉCIEUX !

par | Oct 5, 2021

Par Sylvain

de chelous.fr

Par sa non compréhension immédiate des codes de la société, et son impossible accès à l’inconscient collectif, l’autiste représente un précieux observateur pour chacune des structures sociales dans laquelle il évolue.

Contraint, dans chaque situation nouvelle, à une analyse en détails, pour ne pas risquer la maladresse, immédiatement épinglée en faute, par tous ceux pour qui les codes sociaux sont limpides, évidents, et donc leurs transgressions, forcément réfléchies, volontaires… A la merci du superflu, qui un jour pourrait se révéler fatal, l’autiste pose un regard scientifique sur le monde : la lutte contre l’approximation devient son obsession, à mesure qu’il comprend peu à peu la violence du monde qui l’entoure.

Extrêmement précis, l’ouverture de l’anthropologue s’impose également à lui : contraint qu’il est de trouver un intérêt, une curiosité, aux comportements du plus grand nombre, sous peine de vivre amèrement à l’écart, dans une solitude contrainte, le rejet, ou dans une solitude à contrecœur choisie : le repli.

Rigoureux, ouvert, pour s’inclure au minimum et éviter ainsi le rejet, il n’en reste pas moins critique quant à l’arbitraire, aux limites, de l’environnement qui l’entoure. Les croyances, non conscientes de leur relativité, de leur subjectivité, sont des murs qu’il désirerait faire tomber. De même, les sanctions non justifiées, ou asymétriquement appliquées, sont des incompréhensions qui l’empêchent de se sentir appartenir, de pleinement adhérer.

Incompréhension donc d’un fonctionnement global, parfois injuste, donc toujours finalement aléatoire… Etonnement quant à la rigidité de certaines façons de penser, qui même face à un événement contradictoire, trouvent des subterfuges pour continuer à croire, suggérant que la recherche de la vérité n’est pas leur seule motivation finalement dans l’adhésion ou non à une idée.

Certains paramètres de compréhension des humains, de la société, échappent à l’autiste, qui va rechercher partout de la clarté, pour anticiper, se prémunir des surprises, et ainsi s’offrir la spontanéité dans la sécurité.

Son urgence : comprendre, et donc accueillir, au lieu de rejeter et juger. Juger, de plus, impose de pouvoir isoler une responsabilité. Or, l’autiste découvre, peu à peu, toutes ces nouvelles situations, sans la moindre préparation, qui précipitent soudain l’adulte dans des années stressantes d’improvisation, bien loin des années studieuses, harmonieuses, qu’il avait imaginées, jeune, de transmission, de collaboration, de pure application.

Impossibilité pour l’autiste de juger, d’autant plus à mesure qu’il saisit la notion de complexité : comment dans un système toutes les parties sont imbriquées. Le cadre agit sur les Hommes, tout comme les Hommes peuvent agir sur le cadre. La structure peut former, ciseler, aussi corseter, entailler. Le citoyen peut passivement obéir, mimer, mais aussi réfléchir, inventer.

Tout peut agir sur tout. La réalité est une complexité. La diversité des facteurs de causalité impose à chaque observateur, de la prudence dans ses convictions. De la finesse dans ses analyses, dans ses observations. Et donc un véritable intérêt pour la subtilité. Des nuances dans la compréhension de la réalité qui s’imposent à l’autiste, qui avec sa vision en détails, est obligé de constater la moindre faille – quand celle-ci soudainement apparaît- dans sa façon de concevoir le monde, de penser.

Ainsi, l’autiste, par sa nécessité d’explorer, d’accueillir, et son impossibilité d’éluder, de simplifier, a un rôle clé à jouer dans la société, pour toujours mieux comprendre. L’environnement. Lui. Les autres.

Une recherche de grilles de lecture, pour enfin apaiser son rapport au futur. Et pour indirectement tous ensemble gagner en compréhension, en connexion. En discussion. En amour ?