2 AVRIL : JOURNÉE DE L’AUTISME
Par Sylvain
2 avril : journée de l’autisme.
« Cher Papa Autiste,
Si aujourd’hui, je peux tout te demander, tout oser, presque exiger, ainsi te faire la liste de tout ce que j’aimerais trouver, tout à l’heure, au pied de mon immeuble, en sortant…
Si je peux créer une réalité sur papier, dans l’espoir que tu la matérialises très bientôt, pour mon plus grand plaisir, pour mon plus large sourire, prochainement dans le vrai…
Si tu penses que j’ai de l’intérêt, et je prends goût à y penser, étant donné ce jour entier de l’année, à moi et mes semblables, que tu t’es fait un point d’honneur, généreusement, publiquement de nous dédier.
Si tu penses, comme moi, que mes espoirs méritent mieux que cette bulle, que je constitue, artisanalement, à l’écart, depuis des années, et qui dans l’indifférence, et dans l’indigence… Fragile… Menace à tout moment, sans le moindre mot, sans le moindre geste ou regard, brusquement d’éclater.
Si tu as envie de soutenir la diversité, au lieu de voir se désertifier la vie : par l’uniformité, voici la liste des éléments que j’aimerais observer au pied de mon immeuble, c’est-à-dire au pied de mon « ça – peint ».
Vie sociale : Cohérence, profondeur, authenticité. Voilà qu’à la machine à café, que dans les médias et dans les trains : les gens parlent uniquement avec le cœur. Avant de reprocher aux autres un défaut, ils observent en eux la nature précise de leur exemplarité, et de leur générosité. Et avant de reprocher, leur conscience s’applique avant tout, à s’aligner, à se regarder, à combler… Avant de critiquer.
Sens : De la nature, un profond silence. Seul le son du vent, par épisode, qui jouerait dans les arbres. Pas les machines. Pas les moteurs. Les pieds pour avancer. L’esprit tourne ainsi, sans jamais s’emballer. Les idées ainsi, peu à peu, se déplient. Le corps actif, pas à pas, se déploie. L’activité : dans un calme intérieur, dans une quiétude extérieure. Humain à sa juste place.
Occupation : Des mains sur un stylo, des doigts autour d’un pinceau, accompagnant la montée d’une poterie, l’enracinement d’une plante. Les humains se ressourcent à nouveau dans la fierté, de produire directement, sans interface, de l’utile, de la beauté… La création remplace la consommation dans la construction de notre identité.
Voilà Papa Autiste. Une liste : « quasiment rien ». Et pourtant si demain tu le faisais, ça changerait quasiment tout. Alors ma bulle serait un globe, serait même une boule : et s’appellerait le Monde. Je t’assure : ça changerait tellement mon quotidien… Une journée pour rêver. Pour enfin pleinement vivre, et non plus subsister. Du coup, demain matin, je regarderai finalement ce que tu as déposé : au pied de mon « ça-peint ». »