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LE THEOREME DU HOMARD

par | Déc 5, 2021

Par Sylvain

de chelous.fr

Le Théorème du homard : Graeme Simsion. Achat sur le conseil d’Alexandra Reynaud, du site «  Les Tribulations d’une Aspergirl ». Au début, 400 pages, j’ai peur. Mon désir de puissance, de condensé, d’intensité, redoute ce pavé, la succession de phrases sans énergie, ni réelle magie, qui ne sauraient me téléporter au plus près de moi, si loin du réel.

Erreur. Grossière erreur, Sylvain ! Dès la première page, un calme, une concision, un humour, et également un rythme. Me voilà lancé dans cet ouvrage, comme embarqué sur une autoroute du soleil, qui me promet au bout de celle-là, déjà, une merveilleuse récompense : la mer.

Là la fraîcheur est une rencontre, entre un professeur en génétique autiste, et une serveuse/étudiante. Là, la fraîcheur est la découverte de l’altérité quand elle est toujours associée à l’authenticité. Là, la fraîcheur est l’amour. L’amour, comme une aventure. Comme une odyssée : presque la seule à nous faire quitter un confort, des croyances bien établies, des certitudes, pour la nouveauté. L’ailleurs : le jamais-vu.

Et à force de nouvelles expériences, la vision du monde de ce professeur autiste va devenir plus complexe, moins binaire. Il n’y aura plus d’un côté ceux qui respectent les règles, et les tricheurs. Il n’y aura plus d’un côté, une vérité froide, implacable, et en face des affabulateurs. Il y aura des parcours de vie. Toutes faites d’envies, de freins, et d’erreurs.

Et là je me suis revu, si rigide dans ma jeunesse, à dénoncer le retard de telle ou telle personne. Mon regard implacable sur le monde. Qui à force d’expérimenter involontairement l’erreur. A force de ressentir une douleur, que l’action immédiate ne pouvait me permettre immédiatement de surmonter. A force de vivre – et comme je ne peux comprendre que les situations que j’ai moi-même vécues – à force de vivre, j’ai pu comprendre de plus en plus d’hommes et de femmes sur Terre. J’ai pu accroître ainsi ma bonté. Une bonté qui ne m’empêche pas aujourd’hui de m’écarter de la présence de certaines personnes. Mais cet écart n’est pas la conséquence d’un jugement, uniquement une préservation, par rapport à un inconfort, un ressenti.

Alors quand tout au long du livre, happé par cette quête, par cette recherche de connexion, d’amour, j’ai vu ce professeur s’ouvrir, s’adoucir : je n’ai pu que remercier l’auteur d’avoir insisté sur cette nécessité d’accroître ses expériences, pour découvrir à chaque fois une nouvelle facette de l’humanité. Et pour un autiste, quoi de meilleur pour s’aventurer loin de ses repères si réconfortants, que de le faire, dans le confort, dans la douceur, dans le cadre de l’amour.

Le Théorème du homard (Ou comment trouver la femme idéale ?), de Graeme Simsion.

Lien vers le livre.