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Couverture du livre : (c) Sacha Wolff

CARNET D’UN IMPOSTEUR

par | Jan 20, 2022

Par Sylvain

de chelous.fr

Une histoire qui commence dans l’éclat de la poésie, et sa force magnétique, car sa forme synthétique : une capacité en un minimum de mots, à dresser une intelligence, à assembler une lucidité, et à les faire tenir debout, par l’écoute intérieure d’une justesse, et une quête extérieure quotidienne de beauté.

Beauté, déifiée, pendant les jeunes années, qui finissait par rabaisser, mais lui acceptait l’infériorité : devant son seigneur, quoi de plus naturel parfois que de terminer à genoux.

Seulement, au quotidien, trop d’humain en elles, et plus de divin en lui, que ne lui a dit cette communauté, qui guide au divan, même parfois à l’enfermement : mais sans amour qui vous attend, et sans peau à toucher.

Toucher, palper : un corps, donc des billets. Offrir le cadre matériel de la sécurité, pour qu’aveuglement, elle s’élance à pleine vitesse avec lui dans chaque virage de la sensualité.

Les billets. Ils lui tendent s’il joue le jeu. Le leur. Alors, pour être lui avec elle, il devient eux, avec eux. Il danse le tango, en cadence, avec ceux qui ne connaissent pas la présence, les silences, les regards : le rythme. Il ne danse pas ainsi suavement la décadance, il exécute habilement la dissonance. Il trompe les autres, et dans cette violence interne, quelque part aussi lui.

Fin de la poésie. La lucidité, sans la détermination d’un horizon, précipite dans la confusion, un enfant, qui désire rêver pour se projeter, mais qui s’entête désormais à ne plus espérer, pour cesser de souffrir.

Perdu, sans la moindre oasis attirante à l’horizon, les seules perspectives qui incitent à marcher sont des visages qui reviennent à l’esprit. Enfants, parents, professeurs : les metteurs en vie, les metteurs en scène, qui permettent de se lancer, en offrant toujours dans l’exigence, une bienveillance, une sécurité, incarnent une dignité qui somme dans toutes les situations, par respect, de toujours et encore continuer.

Alors, je le devine marcher. Continuer à jouer, à resplendir, parfois pour de faux, et parfois pour de vrai.

Je le devine, comme beaucoup d’entre nous, continuer à élaborer comment pleinement exister et contribuer, sans se tordre, sans se tuer. Et le superflu se prend pour la légèreté. Et le compliqué pour la complexité. Et la violence pour l’assurance. Et des humains marchent dans la rue. Ils ont de longues cicatrices sur la peau et surtout en dessous. Ils savent la nature de la faune massivement présente dans leur écosystème. Mais s’ils marchent, c’est qu’ils se souviennent de ces visages rares, un jour croisés, et qu’ils ne veulent plus jamais oublier.

Plus jamais oublier.

Plus jamais oublier.

(Texte écrit après avoir lu «  Carnet d’un imposteur » d’Hugo Horiot)

Lien vers le livre.